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Sur une proposition de Catherine Férey et Daniel Legendre (GLD), Renaud Arrighi entame au printemps 2023 un inventaire photographique de l'œuvre de Yves de La Tour d'Auvergne. Toiles, mobilier, sculptures et pièces monumentales - ce travail donne naissance au livre : Yves de La Tour d'Auvergne, saisir la lumière.

30x30 cm / 200 pages / étui cartonné

30x30 cm / 200 pages / étui cartonné

Aller à la rencontre d’Yves de la Tour d’Auvergne demande agilité, curiosité et sensibilité.

Le jeune écrivain s’est vite mué en peintre de talent. D’une abstraction d’abord lyrique, aux couleurs légères, son style évolue, abordant alternativement quelques courants de l’art de son époque d’un expressionnisme exubérant à une peinture très analytique. Homme cultivé, il cherche, essaie, ose, et déconcerte qui veut le suivre.

Cette audace constante est sans doute l’une des qualités de cet artiste qui, humble aussi, avance dans son art, menant parfois plusieurs recherches de front. Comme il le dit dans l’un de ses poèmes :

 

Seule, l’imagination par un glissement progressif

Opère une sélection dans ce désarroi,

Permettant à ce trouble de devenir

Une expérience émotionnelle. [1]

 

D’émotion il est question tout au long de son œuvre. Quand il abandonne la peinture pour retrouver le plaisir sensuel du papier plié, quand il trouve dans la poudre de marbre un medium voisin du velouté du papier, il convie qui regarde ses œuvres à une expérience sensorielle autant que poétique.

 

L’ombre, portée par la lumière, devient son complément et sa réalité. [2]

 

Comme il l’écrit dans un autre poème. Tout au long de son travail de sculpteur, qu’il choisisse de réaliser des sculptures monumentales ou des sculptures fonctionnelles comme il nomme les objets de design qu’il conçoit, qu’il quitte le blanc pour le noir ou pour le bronze, il nous invite sans cesse à entrer dans le jeu de l’ombre et de la lumière.

Citons pour conclure ce poème, qui résume à lui seul, peut-être, ce qui fait d’Yves de la Tour d’Auvergne un artiste inspiré et subtil :

 

Or, seule est vraie

L’idée que l’on se fait des choses

À la grille du temps,

Comme un désir

Devient réalité. [3]

 

Catherine Férey

 

[1] in recueil Un goût de cendres - poème Propositions

[2] in recueil Cendres dressées - poème Proposition

[3] ibid. - poème Cantemerle

à l'atelier - rue Chanzy, Paris

à l'atelier - rue Chanzy, Paris

Figuration

Lorsqu’il commence à peindre, Yves de la Tour d’Auvergne puise son inspiration dans les œuvres des frères Le Nain et de Goya, peintres qui travaillent beaucoup avec le noir. Ce travail du noir reviendra plus tard dans sa production artistique. Sa première toile présente deux personnages mystérieux dans une ambiance énigmatique rendue par l’utilisation du noir et du blanc.

sans titre - 1959 acrylique sur toile

sans titre - 1959 acrylique sur toile

Empreintes

Abstractions claires

Très rapidement, la peinture figurative cède sa place à l’abstraction. Des reliefs se détachent des surfaces planes, laissant apparaître de légers contrastes. L’artiste puise son inspiration dans des empreintes préhistoriques qu’il définit comme : le no man’s land de la raison, de l’à peu près. Yves de la Tour d’Auvergne sera particulièrement attaché à ces toiles, assez peu nombreuses au demeurant.

sans titre - mars 1960 acrylique sur toile
sans titre - mars 1960 acrylique sur toile

sans titre - mars 1960 acrylique sur toile

1963-66

Musiques

Abstractions sombres

Yves de la Tour d’Auvergne poursuit l’exploration de l’abstraction à travers des toiles aux tons très sombres, animés par des lacérations et une touche marquée, puis à travers des formes en rondeur et aux couleurs vives. Des calligraphies apparaissent, comme des fils qui parcourent les tableaux. Pour créer ses formes étirées, il s’inspire de la musique, notamment d’Alban Berg (1885-1935) et de la seconde école de Vienne.

1964-66 acrylique sur toile
1964-66 acrylique sur toile
1964-66 acrylique sur toile

1964-66 acrylique sur toile

1966-69

Abstractions colorées

Poursuivant son travail de l’abstraction, Yves de la Tour d’Auvergne s’éloigne du sombre et utilise des palettes vives et variées. Les formes se superposent et s’entremêlent, créant une profusion de couleurs qui évoque presque un univers nébuleux. Ces compositions où les couleurs palpitent marquent le début de sa brève expérimentation de la couleur qui s’achèvera avec sa période suivante.

acrylique sur toile
acrylique sur toile

acrylique sur toile

1970-72

Expressionnisme

Au début des années 1970, Yves de la Tour d’Auvergne opère un changement radical. Il crée des toiles expressionnistes qui mettent en scène des personnages hauts en couleur, flirtant parfois avec le surréalisme, l’abstraction, l’humour voire la grivoiserie, il expérimente un registre exubérant en opposition radicale avec le reste de son œuvre. Exécutée comme une démonstration du travail sur la matière, la facture et la couleur, cette période constitue une parenthèse dans le travail de l’artiste.

1970 acrylique sur toile
1970 acrylique sur toile

1970 acrylique sur toile

Dance Rozine - avril 1972 acrylique sur toile

Dance Rozine - avril 1972 acrylique sur toile

1976

Abstractions géométriques

Yves de la Tour d’Auvergne reprend ses expérimentations sur le noir mais sous un angle différent. Les formes noires adoptent une géométrie précise révélant des zones de couleurs marquées par des dégradées et créant des contrastes puissants. Cette géométrisation marque le début de son travail en plan et préfigure l’attrait futur de l’artiste pour la sculpture.

sans titre - 1976 acrylique sur toile
sans titre - 1976 acrylique sur toile

sans titre - 1976 acrylique sur toile

1977-79

Plans

L’apparition de la géométrie donne naissance à un nouveau registre plastique qui anime la fin de sa production picturale et ouvre la voie à ses premières réalisations en trois dimensions. Utilisant des fonds clairs, il mêle les vues de face, de profil, et aériennes, inspirées des paysages urbains qu’il voit de son atelier rue Dauphine, à Paris. Ces plans constituent la dernière phase de la production picturale de l’artiste et préfigurent son passage à la sculpture.

sans titre - acrylique sur toile
sans titre - acrylique sur toilesans titre - acrylique sur toile
sans titre - acrylique sur toile

sans titre - acrylique sur toile

Sculpture

À partir de 1979, Yves de la Tour d’Auvergne abandonne la peinture pour se consacrer à la sculpture. Cette transition vers la troisième dimension lui permet de mieux appréhender la lumière et les ombres qu’elle engendre. Il porte une réflexion sur le pli dans la matière en recherchant une forme de souplesse dans la rigidité.

Comme en peinture, son travail en sculpture se présente comme une exploration constante, marquée par différentes périodes qui évoluent au rythme de ses inspirations. S'intéressant aux médiums, Yves de la Tour d’Auvergne passe du grain du papier à la poudre de marbre, et des cannelures du carton au bronze. La taille des œuvres varie également, de la petite sculpture décorative à la sculpture fonctionnelle et à la sculpture monumentale.

Au fil du temps, son intérêt pour l’être humain se manifeste dans la réalisation de sculptures anthropomorphes. Elles deviennent rapidement une caractéristique distincte de son œuvre. Sa production artistique est alors à la fois œuvre et recherche et repousse constamment les limites de l’expression.

sans titre - résine, poudre de marbre

sans titre - résine, poudre de marbre

Dormant - résine, poudre de marbre

Dormant - résine, poudre de marbre

1981-98

Sculptures plissées blanches

La première phase de l’expérimentation sculpturale d’Yves de la Tour d’Auvergne est la suite directe de son expérimentation en plan. Jouant avec les plis du papier, reproduites en poudre de marbre, ses sculptures réfléchissent la lumière en créant des jeux d’ombre. L’artiste plie le marbre comme une feuille. Le papier n’est pas son seul médium, à cette époque il travaille aussi le tissu plié avec lequel il recherche encore des effets d’ombre et de lumière.

sans titre - 1997 résine, poudre de marbre

sans titre - 1997 résine, poudre de marbre

sans titre - 1993 réisne, poudre de marbre

sans titre - 1993 réisne, poudre de marbre

Veilleurs de lune - 1990  résine, poudre de marbre

Veilleurs de lune - 1990 résine, poudre de marbre

sans titre - 1988 draps peints sans titre - 1988 draps peints

sans titre - 1988 draps peints

1982-90

Sculptures fonctionnelles

Yves de la Tour d’Auvergne transpose les formes utilisées dans ses sculptures en mobilier dans des pièces qu’il nomme des sculptures fonctionnelles. En effet, l’artiste conçoit ses meubles comme de véritables sculptures qu’il réalise simultanément à ses sculptures purement artistiques. Ses sculptures fonctionnelles font rapidement partie intégrante de sa production.

bureau / table Totila - 1989 résine, poudre de marbre, verre trempé
bureau / table Totila - 1989 résine, poudre de marbre, verre trempé

bureau / table Totila - 1989 résine, poudre de marbre, verre trempé

YVES DE LA TOUR D'AUVERGNE - LE LIVRE
fauteuil Surya - résine, poudre marbre, cuir

fauteuil Surya - résine, poudre marbre, cuir

commode - résine, poudre de marbre, bronze
commode - résine, poudre de marbre, bronze

commode - résine, poudre de marbre, bronze

lampe Albatros - 1988 résine, poudre de marbre, métal

lampe Albatros - 1988 résine, poudre de marbre, métal

1981-98

Sculptures plissées et cannelées

Yves de la Tour d’Auvergne intègre son expérimentation du noir dans son œuvre sculptée. Une fois encore, ce sont les reflets à l’intérieur de la couleur qui l'intéressent, mais également le passage au bronze et à ses différentes textures. Ces recherches donnent naissance à des objets d’art, notamment des bijoux, dont l’esthétique découle de son travail de sculpteur.

 

sans titre - 1990 résine cannelée noire

sans titre - 1990 résine cannelée noire

Koryphée Urban - 1990 résine cannelée foncée

Koryphée Urban - 1990 résine cannelée foncée

assiette - verre cannelé thermoformé

assiette - verre cannelé thermoformé

vide-poche - bronze

vide-poche - bronze

pendentif - bronze

pendentif - bronze

pendentif - bronze
pendentif - bronze

pendentif - bronze

1996

Sculptures cannelées déchirées

Après la pliure du papier, Yves de la Tour d’Auvergne s’essaye à le déchirer pour former ses sculptures. Dans ce processus, il tire parti des cannelures du carton. Le choix du bronze et du laiton lui permet de retranscrire l’aspect dentelé du papier déchiré. Il élève alors certains de ses travaux en papier au rang d'œuvres d’art.

Soleil vrai, rendez-nous l’éphémère - 1996 bronze, patine foncée, peinture bleue

Soleil vrai, rendez-nous l’éphémère - 1996 bronze, patine foncée, peinture bleue

Sculpture en 4 éléments - 1996 bronze cannelé, patine foncée

Sculpture en 4 éléments - 1996 bronze cannelé, patine foncée

Chant de lune à l'écho d'un instant - 1996 bronze cannelé, patine foncée

Chant de lune à l'écho d'un instant - 1996 bronze cannelé, patine foncée

Apollo - carton peint

Apollo - carton peint

1998-2000

Sculptures déchirées anthropomorphes

À partir des sculptures abstraites résultant d’expérimentations sur papier, Yves de la Tour d’Auvergne poursuit ses recherches et revient à la figuration. L’animation du papier déchiré en personnage est expliquée par l’artiste par une quête de spiritualité. Cette expérimentation figurative aboutit à une typologie de représentations telles que les Cendres Dressées ou les Marcheurs qui deviennent caractéristiques de l'œuvre de l’artiste. Dans la même période, il transcrit ces silhouettes sur papier, dans un travail à la bombe. Recherches formelles ou prolongements des sculptures sur un autre medium, la question reste sans réponse mais les deux approches sont résolument indissociables.

Guetteur - résine, poudre de marbre

Guetteur - résine, poudre de marbre

Cendres dressées - 2000 résine, poudre de marbre

Cendres dressées - 2000 résine, poudre de marbre

sans titre - résine, poudre de marbre / verre de Murano
sans titre - résine, poudre de marbre / verre de Murano

sans titre - résine, poudre de marbre / verre de Murano

sans titre - 1998  peinture à la bombe et pastel

sans titre - 1998 peinture à la bombe et pastel

sans titre - 1999 peinture à la bombe, pastel

sans titre - 1999 peinture à la bombe, pastel

1999-2002

Sculptures en papier

Après la sculpture figurative blanche, Yves de la Tour d’Auvergne reprend le travail du papier déchiré qui dépasse alors l’expérimentation pour devenir une œuvre à part entière. Révélées par un bleu profond, les formes blanches élancées s’entremêlent. Elles jouent ainsi avec les ombres. Ces sculptures en papier s’éloignent cependant de la figuration littérale et laissent une place à l’imagination. S’essayant à tous les médiums, il expérimente la même technique avec du grillage.

sans titre - sculpture papier
sans titre - sculpture papier

sans titre - sculpture papier

2005-06

Sculptures abstraites noires

Yves de la Tour d’Auvergne revient une nouvelle fois au noir avec des formes plus abstraites encore. En plus de jouer avec la lumière, ces formes toujours élancées et entremêlées semblent étudier le mouvement et les perspectives. Ces sculptures, d’abord en papier, prennent vie en résine et en sculptures monumentales en fer qui fendent le paysage, invitant à contempler les effets de brillance.

sans titre - 2002 sculpture papier

sans titre - 2002 sculpture papier

Les élans de M.R. - 2004 résine noire

Les élans de M.R. - 2004 résine noire

Console dans le vent - 2005 résine noire

Console dans le vent - 2005 résine noire

1997-2003

Sculptures nid d'abeille

Yves de la Tour d’Auvergne réalise des sculptures qui explorent la forme du nid d'abeille en utilisant le bronze avec patine foncée. Cette forme rappelle également la tranche et les cannelures du carton alvéolaire qu’il utilise comme base de recherche pour ses sculptures. À nouveau, il met en avant l’importance de la matière.

sans titre - 2002 bronze, patine noire

sans titre - 2002 bronze, patine noire

sans titre - grillage enroulé, plié, déchiré

sans titre - grillage enroulé, plié, déchiré

Dernières œuvres

Vers la fin de sa vie, Yves de la Tour d’Auvergne entame progressivement un retour vers une forme de figuration poétique. Ses œuvres les plus récentes transcrivent une fois de plus son amour pour la matière qui se caractérise par des formes simples et lisses. Tel un point final à une carrière riche en créations, l’artiste reprend des travaux expérimentaux réalisés 40 ans auparavant pour donner vie à ses dernières sculptures.

Le chant - 2021 résine, poudre de marbre, bronze, polyester, peinture

Le chant - 2021 résine, poudre de marbre, bronze, polyester, peinture

sans titre - pierre blanche

sans titre - pierre blanche

 

 

inventaire, texte, suivi de publication : Agence KDSO (Olivia Dubus, Sara Klein)

photographies des œuvres : Renaud Arrighi - Tanis

éd. Tanis books

83570 Cotignac - FR

juillet MMXXIII

tous droits de reproduction réservés pour tous pays

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Published by TANIS

  • : Tanis le plein des sens
  • : Tanis est une Unité de Production basée en Provence qui développe les créations de Renaud Arrighi et de ses Amis Artistes. Cet espace est une vitrine de nos réalisations et de nos activités déclinées sur tous les sens. Nous développons, à travers nos spectacles, éditions, expositions, performances et stages les axes d'une culture multisensorielle ludique et transversale - sans oublier de nombreuses activités de coaching et d'audit sensoriel, tournées vers le secteur privé.
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